Ecrit par Amal Bushara
Traduit par Alexandra Guy

En Inde, le 1er janvier, la communauté musulmane a reçu une nouvelle vague de haine, phénomène malheureusement récurant vu l’ampleur de la propagande antimusulmane dans le pays. Des femmes musulmanes, dont beaucoup de grandes journalistes, activistes et actrices, ont retrouvé des photos d’elles les prétendant « à vendre comme domestiques » sur une application nommée Bulli Bai.


Cette tentative de dévalorisation et de sexualisation de femmes musulmanes influentes politiquement et socialement a suscité une vive réaction de la part de la communauté musulmane du pays. Après de nombreuses demandes d’enquêtes judiciaires et de justice, l’application a été supprimée et plusieurs personnes ont été arrêtées. Il ne s’agit malheureusement pas d’un évènement isolé. Il reflète au contraire la gravité de la haine intercommunautaire dans le pays. En effet, cette nouvelle suit de près une enquête de police sur des chefs religieux hindous influents ayant appelé à la violence contre les musulmans, allant même jusqu’aux incitations au nettoyage ethnique.


Les communautés musulmanes en Inde se sentent en danger depuis l’arrivée au pouvoir du parti Hindou nationaliste Bharatiya Janata Party (BJR) en 2014. Depuis l’année dernière, les violences contre la communauté musulmane se sont amplifiées et les discours de haine ont été promus plus ouvertement. Actuellement, les nationalistes Hindou d’extrême droite, avec l’aide de la rhétorique discriminatoire du gouvernement, prennent un soin particulier à faire comprendre aux musulmans qu’ils ne sont pas comme eux, et qu’ils sont même moins qu’eux. Tous les aspects de la vie quotidienne de la communauté musulmane indienne est affectée. Pour les nationalistes Hindou, les rituels religieux et les habitudes alimentaires sont considérés comme une raison suffisante pour attaquer les musulmans. Par exemple, le 23 septembre, à Mathura, deux hommes musulmans ont été gravement agressés simplement pour avoir transporté de la viande.


Selon la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), l’organe statuaire des droits humains en Inde, Les musulmans sont « la cible de violences et de crime de haine de façon fréquente ». De plus, la CNDH rapporte qu’en raison de l’oppression organisée et systématique des musulmans, les indices sociaux tels que l’alphabétisation, l’emploi et les conditions économiques, ont significativement diminué dans les communautés musulmanes.


Récemment, dans deux discours publics, le premier ministre de l’Inde Narendra Modi a établi des parallèles entre de très anciennes personnalités musulmanes en Inde et le « terrorisme et l’extrémisme religieux » actuels, suggérant ainsi que les musulmans indiens sont, d’une certaine manière, responsables des crimes qui auraient été commis par leurs « ancêtres » lointains, et qu’ils doivent donc être sévèrement punis. Dans le même temps, le Ministre en chef de l’Uttar Pradesh et membre du BJP, Yogi Aditryanath, a affirmé que la prochaine élection de l’assemblée de l’Etat opposerait les 80% contre les 20%, sous-entendant peu subtilement qu’il s’agissait d’un combat entre les Hindous, représentant 80% de la population, et la minorité musulmane, représentant 20% de la population.


Geneva international Center for Justice (GICJ) condamne fermement tous actes de violence contre les communautés musulmanes en Inde et presse instamment les dirigeants élus de dénoncer tous les crimes de haine. GICJ encourage le gouvernement indien, en tant que plus grande institution démocratique nationale mondiale, à promouvoir les droits humains et l’égalité entre tous les citoyens. GICJ presse les autorités indiennes de traduire en justice tous les individus responsables de violences et de discours de haine contre les indiens musulmans.

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