Rapport sur les 12ème et 13ème réunions de la 46ème session du Conseil des droits de l’homme

26 février/1er mars 2021

Écrit par Laura Calderón Pachón et Alejandro Fernández 

Traduit par Camille Miguet

Introduction 

En février 2021, au cours de la 46ème session ordinaire du Conseil des droits de l’homme, le Haut-Commissaire a présenté un exposé oral sur la situation des droits de l’homme dans plusieurs États latino-américains, en accordant une attention particulière à l’impact de la pandémie de COVID-19. Mme Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, a rendu compte des activités de son Bureau en Colombie, au Guatemala, et au Honduras, entre autres. Elle a souligné que les dirigeants doivent prendre des décisions difficiles afin de relever les multiples défis du COVID-19. Cependant, la meilleure façon d’aborder ces défis est d’impliquer la population, en permettant à un large éventail d’opinions, d’expériences et de besoins, de prendre part au processus décisionnel. Elle a également souligné que les gens sont la meilleure ressource pour de meilleures politiques, de sorte que chaque société devrait impliquer le public dans l’élaboration de solutions. Aujourd’hui, les gens devraient manifester leur volonté de participer activement à l’élaboration des politiques. La Haut-Commissaire a attiré l’attention sur la note d’orientation des Nations Unies sur la protection et la promotion de l’espace civique pour montrer l’importance de faire de ce développement une réalité.

Au cours de son exposé oral, la Haut-Commissaire a présenté son point de vue sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan, en Biélorussie, en République centrafricaine, en Colombie, à Chypre, en Corée, au Congo, en Erythrée, au Guatemala, au Honduras, au Nicaragua, en Territoire palestinien occupé, au Sri Lanka, en Ukraine et au Venezuela.

La Haut-Commissaire a appelé les autorités à modifier leur législation nationale afin que justice soit rendue aux victimes et qu’elles aient à répondre de leurs actes. Elle a souligné que les soins de santé, la garde d’enfants et la protection sociale étaient essentiels pour remédier aux souffrances économiques causées par la pandémie.

Parmi d’autres sujets, Mme Bachelet a exprimé son inquiétude quant au fait que les droits fondamentaux et les libertés civiques continuent d’être restreints au nom de la sécurité nationale et de la réponse au COVID-19. En particulier, les militants, les avocats et les défenseurs des droits de l’homme continuent de faire l’objet d’accusations et d’arrestations arbitraires.

L’impact du COVID-19 sur le continent américain

En Amérique, la situation a été aggravée par la faiblesse des systèmes de sécurité sociale et par des inégalités et des discriminations structurelles de longue date, notamment pour les populations d’origine africaine et les populations autochtones. Le nombre élevé de travailleurs informels a rendu l’Amérique latine particulièrement vulnérable aux effets secondaires économiques du confinement et d’autres politiques de distanciation sociale. Selon la Haut-Commissaire des Nations Unies, les données ont montré qu’il existe une crise socio-économique et humanitaire majeure, les taux de pauvreté étant actuellement supérieurs à 37% en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Mme Bachelet a estimé que ces dernières années, les pays américains, notamment la Bolivie, le Chili, la Colombie, l’Équateur, le Guatemala, Haïti, le Honduras, le Mexique et le Pérou, ont connu un mouvement croissant de protestations sociales. Chaque situation est différente, mais toutes se concentrent sur l’accès insuffisant aux droits économiques et sociaux, la discrimination, l’impunité et les allégations de corruption. Très souvent, les agents de police utilisent une force inutile et disproportionnée contre des manifestants pacifiques. La pandémie a déclenché une crise socio-économique et humanitaire qui a encore/davantage accru le mécontentement social.

Sur la base des éléments présentés précédemment, la Haut-Commissaire a encouragé tous les États à prendre des mesures pour empêcher une nouvelle détérioration de la situation et pour garantir une participation significative à la réponse au COVID-19. Elle a appelé les États à protéger les droits à la liberté d’association et de réunion pacifique, conformément aux normes internationales en matière de droits de l’homme.

Une autre question pertinente qui a été abordée par Mme Bachelet est celle de la nécessité pour les États de garantir des mesures qui s’attaquent aux politiques migratoires abusives qui violent les droits de l’homme des migrants et des réfugiés, notamment les décrets en en matière d’immigration, la séparation des familles, la discrimination raciale et les politiques de logement.

« Dans toutes les régions du monde, les gens sont laissés pour compte, la pandémie se poursuit et les gens sont exclus non seulement du développement et des opportunités, mais aussi de la participation aux décisions qui façonnent leur vie et leur avenir » - Mme Michelle Bachelet.

Rapports du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme, rapports sur le Guatemala, le Honduras et la Colombie et exposé oral sur le Venezuela et la pandémie de COVID-19

Dans une série de présentations orales, Mme Bachelet a abordé la situation des droits de l’homme au Guatemala, au Honduras, en Colombie et au Venezuela, et a donné son avis sur l’impact du COVID-19 sur les droits de l’homme.

Elle a d’abord présenté son rapport sur la Colombie (A/HRC/46/76). Dans ce pays, son Bureau a continué à coopérer avec le gouvernement colombien, reconnaissant les mesures qu’il a prises pour protéger les migrants vénézuéliens. Le Bureau du Haut-Commissaire a constaté l’intensification de la violence due à l’augmentation des acteurs armés non-étatiques et des bandes criminelles, qui ont causé un grand préjudice à la population civile colombienne. En 2020, l’ONU a fait état de 81 massacres, 133 homicides de défenseurs des droits humains et au moins 252 assassinats d’ex-membres de la guérilla appartenant au groupe des FARC depuis les accords de paix de 2016. En raison de la situation, Mme Bachelet a exhorté le gouvernement colombien à renforcer ses efforts pour protéger la population civile dans les zones les plus touchées. Elle a appelé le gouvernement à adopter des politiques publiques afin de démanteler les organisations criminelles et a salué les mesures prises par le gouvernement colombien pour répondre premières demandes au sein des organisations internes et des organes judiciaires.

Elle a ensuite abordé la situation au Guatemala (A/HRC/46/74). Mme Bachelet a assuré que son Bureau avait coopéré avec le gouvernement tout au long de l’année 2020 et qu’ils avaient découvert les nombreux défis systématiques et structurels auxquels le pays est confronté, notamment la pauvreté, l’inégalité, la discrimination, l’impunité, l’insécurité et les impacts socio-économiques, qui ont été disproportionnés pour les peuples autochtones, les femmes et les personnes handicapées. Elle a également insisté sur l’importance de protéger les groupes les plus vulnérables en promulguant des lois visant à étendre l’assistance sociale et l’accès à la justice.

Par la suite, Mme Bachelet a présenté son rapport sur le Honduras (A/HRC/46/75). Elle a indiqué que son Bureau avait maintenu une coopération technique avec les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, et que le pays continuait à faire face à de nombreux défis pour garantir les droits de l’homme, notamment la violence, l’impunité et la discrimination. La pandémie de COVID-19 et les conséquences dévastatrices des ouragans Eta et Iota ont accentué les difficultés préexistantes pour les groupes les plus vulnérables de la société. Mme Bachelet a salué la volonté du gouvernement de suivre les recommandations sur le maintien de l’ordre dans les manifestations sociales, la démilitarisation et le renforcement des institutions civiques. Elle a souligné que l’obligation de rendre des comptes et l’accès à la justice devaient être renforcés, et qu’une protection accrue devait être offerte aux défenseurs des droits de l’homme et à toutes les personnes menacées en raison de leurs activités sociales.

Concernant le Venezuela, l’exposé oral de Mme Bachelet a mentionné que la collaboration de son Bureau avec le Venezuela consistait en une assistance technique pour surveiller les installations de détention préventive et établir des protocoles d’enquête sur les violations des droits à la vie et à l’intégrité personnelle. Elle a exhorté le gouvernement à respecter l’indépendance des tribunaux, à garantir l’accès à l’information publique et à libérer les personnes détenues illégalement.

Enfin, Mme Bachelet a abordé le sujet de l’impact mondial du COVID-19. Elle a souligné que la pandémie avait démontré qu’un système de soins de santé universel solide, accessible sans discrimination, quelle que soit la capacité de paiement d’une personne, était essentiel. La couverture médicale complète doit devenir une priorité pour les États, et les vaccins doivent être accessibles à tous. La Haut-Commissaire a affirmé qu’il était possible de parvenir à un redressement rapide et satisfaisant en utilisant une approche fondée sur les droits de l’homme.

Débat général : déclarations des délégations des États concernés

Colombie

Mme Adriana Mejía Hernández, représentante de la Colombie (source : UN live TV)

La délégation colombienne a affirmé que l’État colombien, le président Iván Duque et toutes les branches du gouvernement étaient conscients des problèmes de sécurité et des défis en matière de droits de l’homme. Elle a réaffirmé l’engagement du gouvernement à garantir les droits de l’homme des colombiens, conformément aux accords de paix signés par le gouvernement avec les ex-guérilleros du groupe FARC. Il existe actuellement un Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme en Colombie (le plus grand d’Amérique latine) dont le mandat expirera en 2022, et qui compte 114 agents, y compris des consultants et des contractants. Le Bureau et ses propositions ont coopéré avec succès avec le gouvernement pour améliorer les droits de l’homme des Colombiens.

En termes de sécurité, la représentante a mentionné que le taux d’homicide par an avait diminué au cours des vingt dernières années. L’État colombien reconnaît également les menaces auxquelles sont confrontés les leaders sociaux et, en particulier, la violence générée par les groupes armés organisés liés au narcotrafic et les dissidents de la guérilla du groupe FARC. La représentante a déclaré que l’État colombien était très conscient du travail important réalisé par les dirigeants communautaires, engagés dans toutes sortes de causes sociales, y compris la restitution des terres ; les droits des paysans ; la protection de l’environnement ; les victimes de déplacements forcés ; les syndicats ; les droits humains des femmes, des personnes d’ascendance africaine, des jeunes et des enfants, et des personnes LGTBI ; les communicateurs sociaux, les avocats et les défenseurs des droits de l’homme ; les dirigeants pour la mise en œuvre de l’accord de paix et les mouvements politiques et religieux.

Le gouvernement colombien a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour faire face à la pandémie et assurer un redressement durable. 

Guatemala

M. Carlos Ramiro Martinez, représentant du Guatemala (source : UN live TV)

De son côté, la délégation guatémaltèque a pris note des conclusions et recommandations formulées par la Haut-Commissaire et des efforts considérables déployés pour lutter contre les inégalités, la pauvreté, la discrimination et la malnutrition. Le Guatemala a souligné les besoins spécifiques identifiés par le gouvernement et s’est engagé à y répondre à l’avenir. Ces besoins sont :

  • Politique nationale sur les personnes handicapées
  • Protection des personnes âgées
  • Égalité des sexes
  • Prévention et soins pour les femmes et les filles
  • Réparation des dommages causés en mettant l’accent sur l’appartenance sexuelle et culturelle
  • Protection de l’enfance et de l’adolescence
  • Éducation, participation et emploi des personnes handicapées
  • Protection des femmes victimes de violence
  • Programmes multiculturels et multilingues (droit des autochtones, connaissances ancestrales, identité culturelle et cadre normatif sur les consultations avec les peuples autochtones)
  • Lutte contre la corruption
  • Transparence du gouvernement et innovation au sein de l’exécutif
  • Ministère public : Bureau du procureur spécial contre l’impunité pour enquêter sur les violations commises à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme et des syndicalistes
  • Protection des personnes placées en garde à vue

Honduras

Représentant du Honduras (Source : UN live TV)

Le Honduras a pris note des recommandations de la Haut-Commissaire et a réaffirmé sa volonté de collaborer à la promotion et à la protection des droits de l’homme.

Le représentant a mentionné que des mécanismes ont été mis en place pour fournir une assistance économique et sociale face à la pandémie de COVID-19 et aux conséquences dévastatrices des récentes tempêtes tropicales. Afin de protéger les plus vulnérables, le Honduras a créé des programmes tels que :

1.  Solidarité Honduras

2. Allègement de la dette

3. Crédit au secteur agricole

4. Modalités d’acquisition de propriété dans le secteur des produits alimentaires et de l’industrie alimentaire

5. Loi d’assistance alimentaire en cas de catastrophes et secours au secteur productif et aux travailleurs 

Venezuela

M. Héctor Constant Rosales, représentant de la République bolivarienne du Venezuela

La délégation du Venezuela a attiré l’attention du Conseil sur les grandes souffrances causées au peuple vénézuélien par les mesures coercitives illégales mises en œuvre par les États-Unis et leurs alliés. Ces sanctions économiques et la pandémie ont aggravé les problèmes économiques, entravé l’accès aux services publics et contraint de nombreux vénézuéliens à se déplacer. Le représentant a considéré les sanctions comme un crime contre l’humanité tel que stipulé dans le Statut de Rome.

Parmi les accords conclus pour contenir la pandémie, le gouvernement vénézuélien a élaboré un plan comportant certaines activités spécifiques :

1. Onze ateliers de formation sur la promotion et la protection des droits de l’homme

2. Un comité de coordination afin de suivre le plan de travail qui s’est réuni 15 fois avec l’ONU et le gouvernement

3. Des études diagnostiques sur la situation actuelle des centres de prévention pour améliorer les droits de l’homme des groupes vulnérables

4. Des mécanismes de suivi de recommandations en matière de droits de l’homme et des protocoles unifiés d’enquête sur les plaintes pour violation des droits de l’homme

5. Le renforcement du bureau de l’organisme de réglementation conformément au système juridique et aux principes des accords de Paris

6. Le Plan national 2021-2025

7. 19 visites dans les prisons

8. La visite de fonctionnaires du HCDH dans sept États où ils ont rencontré les autorités et les membres de la société civile

9. La visite de fonctionnaires du HCDH au Service national de renseignement bolivarien (SEBIN)

 Débat général : déclarations d’autres délégations d’État

M. Chen Xu, représentant de la République populaire de Chine (source : UN live TV)

La 13ème réunion de la 46ème session du Conseil des droits de l’homme a réuni de nombreuses délégations d’États pour un débat général sur le point 2 de l’ordre du jour. La réunion s’est tenue au Palais des Nations à Genève le 26 février 2021 mais les représentants des gouvernements ont diffusé leurs messages oraux par le biais de plateformes de vidéoconférence.

Le représentant de la Chine, qui a prononcé une déclaration au nom d’un groupe de pays partageant les mêmes idées, a souligné que la pandémie de COVID-19 faisait rage dans le monde entier, menaçant le droit à la vie et le droit à la santé des personnes, affectant gravement l’économie et les moyens de subsistance des personnes dans tous les pays, et exacerbant les inégalités, ce qui, selon eux, pourrait conduire à un renversement des objectifs de l’Agenda 2030 pour le développement durable. Le représentant s’est également dit préoccupé par l’aggravation du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, soulignant que cette année marquait le 20ème anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban ainsi que le 35ème anniversaire de la Déclaration sur le droit au développement.

Le représentant de la Chine a demandé à la communauté internationale de s’attaquer aux inégalités dans les différents États, d’accroître les contributions dans ces domaines tels que les droits économiques, sociaux et culturels et le droit au développement, les droits des groupes vulnérables, la lutte contre le racisme et l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales.

M. Khalil ur Rahman Hashmi, représentant du Pakistan (source : UN live TV)

Le représentant du Pakistan a appelé à une mise en œuvre régulière de l’agenda mondial des droits de l’homme, exhortant le Conseil à se pencher sur la violation systématique des droits de l’homme en Palestine et au Cachemire. Il a demandé à tous les organes des Nations Unies d’assurer un suivi sérieux de la mise en œuvre des résolutions sur le Territoire palestinien occupé et de demander des comptes aux responsables des violations continues des droits du peuple palestinien. Il a insisté sur l’importance de publier des données sur les entreprises commerciales impliquées dans des activités liées aux colonies israéliennes.

Le représentant a également exprimé son inquiétude quant à la situation des droits de l’homme dans le Jammu et Cachemire occupé. Il a en outre condamné les dommages et la perte de biens, y compris de sites religieux, causés par l’Arménie dans les territoires de l’Azerbaïdjan, et a réaffirmé son soutien total au gouvernement et au peuple de l’Azerbaïdjan dans leurs efforts pour réhabiliter et reconstruire les territoires occupés.

Les Pays-Bas, s’exprimant au nom du Groupe des amis de la responsabilité de protéger, ont déclaré que la crise sans précédent du COVID-19 avait démontré la nécessité d’un engagement universel pour protéger les plus vulnérables, et de s’attaquer aux inégalités structurelles qui continuent à accélérer l’impact de la pandémie. Les violations systématiques des droits de l’homme et les abus ont souvent été facilités par des niveaux croissants de désinformation, de discours de haine et d’incitation à la violence. Il est donc essentiel de s’attaquer au plus tôt aux violations et abus graves. À cet égard, le travail du Haut-Commissariat est essentiel. Les mécanismes des droits de l’homme basés à Genève, notamment les procédures spéciales et les organes conventionnels, peuvent également contribuer à renforcer la confiance dans la prévention. En outre, les mécanismes d’enquête mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU peuvent également avoir un effet inhérent sur la commission future de crimes d’atrocité. Grâce au travail de ces mécanismes, les gouvernements peuvent mieux identifier les lacunes dans leurs efforts de prévention des atrocités, et par la suite renforcer la résilience nationale.

Dans le même ordre d’idées, l’Allemagne, qui a fait une déclaration au nom de plus de quarante pays, a reconnu l’engagement du gouvernement éthiopien lors des récentes visites de hauts fonctionnaires de l’ONU, tout en restant préoccupée par les allégations de graves violations des droits de l’homme. Les limitations d’accès au Tigré existent toujours, empêchant ainsi la fourniture d’une aide humanitaire suffisante pour éviter le risque de famine et prévenir de nouvelles pertes humaines. Le représentant a appelé l’Éthiopie à accorder un accès humanitaire sans entrave et a condamné dans les termes les plus forts les meurtres de civils et les actes de violence sexuelle signalés. Enfin, le représentant a demandé le retrait de toutes les troupes érythréennes d’Éthiopie.

M. Gian Lorenzo Cornado, représentant de l’Italie (source: UN live TV)

L’Italie a réaffirmé qu’elle était prête à soutenir la Haut-Commissaire dans ses efforts pour mettre en place des réponses mondiales visant à assurer un avenir durable, sûr et prospère grâce à une approche du redressement fondée sur les droits de l’homme et tenant compte de la dimension du genre. La participation de la société civile et les contributions des défenseurs des droits de l’homme doivent être encouragées et soutenues en tant qu’éléments clés pour nous pousser tous à faire mieux. La pandémie de COVID-19 a récemment montré qu’aucun pays ne peut agir seul pour vaincre le virus, mais que les efforts doivent être collectifs. Le représentant italien a déclaré que la Commission européenne s’efforçait d’établir des principes clairs en matière de préparation aux pandémies et de renforcement de l’architecture sanitaire mondiale multilatérale.

Le représentant de la France a souligné la façon dont la pandémie de COVID-19 avait accru les inégalités et la violence contre les femmes et les enfants. Il a insisté sur la nécessité de recréer des espaces libres où les journalistes de la société civile et les défenseurs des droits de l’homme peuvent pleinement jouer leur rôle et contribuer au débat démocratique. Il a appelé l’Iran à libérer immédiatement les prisonniers politiques et les prisonniers d’opinion, et a demandé à la Russie de libérer Alexei Navalny.

Le Royaume-Uni a accueilli favorablement le rapport de la Haut-Commissaire concernant sa réponse à la situation des droits de l’homme au Zimbabwe, tout en exprimant son inquiétude quant au traitement des candidats de l’opposition, de leurs partisans et des médias lors des élections présidentielles et parlementaires en Ouganda le 14 janvier. Le Royaume-Uni a également salué le démantèlement de la brigade de répression des vols (Special Anti-Robbery Sqad) au Nigéria à la suite des manifestations de 2020 contre les violences policières.

La République de Corée a remercié la Haut-Commissaire pour son bilan complet de la situation désastreuse des droits de l’homme dans de nombreux coins du monde. Le représentant a noté avec une grande inquiétude que la liberté d’expression et la liberté de réunion pacifique sont gravement menacées dans de nombreuses régions. Les restrictions à la circulation de l’information, telles que les coupures d’Internet, ainsi que l’usage excessif de la force contre les manifestants pacifiques sont devenus une tendance de plus en plus inquiétante, notamment dans le contexte des élections. À cet égard, le rôle de la voix de la Haut-Commissaire est déterminant. Elle appelle tous les pays à coopérer pleinement avec le HCDH.

Le Venezuela, au nom d’un groupe partageant les mêmes idées, a mentionné que le travail du Conseil des droits de l’homme devait être effectué de manière objective et impartiale. Il a rejeté l’utilisation constante du point 2 de l’ordre du jour pour organiser des débats visant à faire honte aux pays du Sud.

La pandémie de COVID-19 a créé une situation sans précédent, et les pays confrontés à des mesures coercitives unilatérales illégales ne peuvent pas utiliser leurs revenus pour acheter des médicaments et des denrées alimentaires sur les marchés mondiaux. Ces pays ont donc été limités dans leur accès aux vaccins qui sont entre les mains des pays qui appliquent ces mesures coercitives.

M. Dimitry Vorobiev, représentant de la Fédération de Russie (source : UN live TV)

De la même façon, le représentant de la  Russie a souligné que la pandémie de  COVID-19 pose des défis à tous les pays,  mais surtout à ceux qui sont confrontés à  des mesures coercitives unilatérales. Il a  trouvé regrettable que les appels lancés à la  Haut-Commissaire pour retirer ces  mesures coercitives unilatérales, n’aient  pas  encore porté leurs fruits. Il a reproché  aux pays occidentaux d’utiliser une  rhétorique accusatrice pour s’immiscer dans  les affaires intérieures d’autres pays,  principalement ceux qui mènent un  programme de politique étrangère  indépendant, ce qui constitue une manifestation claire de la politique des deux poids, deux mesures. Il a exhorté les pays occidentaux à œuvrer en faveur d’un dialogue constructif avec les autres pays, sur la base de l’égalité, sur les questions les plus urgentes liées aux droits de l’homme.

Cuba a condamné les menaces permanentes, les mesures de protection unilatérales et autres actes d’agression, de déstabilisation et d’ingérence qui visent les pays en développement et qui se cachent derrière le prétexte artificiel d’un discours hypocrite sur les préoccupations en matière de droits de l’homme. Le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les gouvernements successifs des États-Unis d’Amérique a été renforcé à des niveaux sans précédent au plus fort de la pandémie de COVID-19. Le représentant cubain a réitéré la condamnation sans équivoque par son pays des démarches entreprises pour désigner Cuba comme État parrain du terrorisme, une mesure adoptée par l’administration de l’ancien président Donald Trump, et a réaffirmé leurs frontières avec le Venezuela et le Nicaragua. Il a également salué la visite du rapporteur spécial sur les mesures coercitives unilatérales au Venezuela, qui a démontré l’impact criminel de la guerre économique menée contre le pays.

Parmi les États observateurs du Conseil, le Canada a souligné que la pandémie a touché certains groupes de manière disproportionnée et s’est montré préoccupé par le fait que certains États ont profité de la pandémie pour persécuter les communautés marginalisées et les personnes en situation de vulnérabilité. Dans ce contexte, le représentant a souligné l’importance du collectif de lutte contre le COVID-19 et a réaffirmé l’engagement du Canada à garantir l’accès de tous aux traitements et aux vaccins.

Ensuite, l’Iran a exprimé son engagement vers la cause des droits de l’homme, indépendamment de la race, de la religion, de la langue et de l’ethnie, malgré la politisation et l’instrumentalisation des droits de l’homme. Il a en outre souligné que la pandémie de COVID-19 a montré comment le racisme et la discrimination raciale, ainsi que la mentalité xénophobe, ont joué un rôle important dans l’exclusion des groupes marginalisés dans de nombreux pays.

M. Daniel Kronenfeld, représentant des États-Unis (source: UN live TV)

Enfin, les États-Unis ont réitéré leur engagement à travailler avec les gouvernements du Salvador, du Guatemala et du Honduras pour protéger les droits de l’homme, renforcer les institutions démocratiques et combattre la corruption et l’impunité. Le représentant s’est dit préoccupé par les informations faisant état d’exécutions extrajudiciaires de défenseurs de l’environnement et de journalistes au Honduras. Il a également rappelé l’appel lancé par la Haut-Commissaire aux autorités colombiennes pour qu’elles fassent davantage d’efforts pour mettre fin à la violence contre les leaders sociaux, les défenseurs des droits de l’homme et les anciens combattants et pour protéger tous les citoyens, en particulier les plus vulnérables, notamment les groupes indigènes et les membres des communautés raciales et ethniques minoritaires vivant dans des zones rurales où le gouvernement n’a qu’une portée limitée.

Position de GICJ

Geneva International Centre for Justice a soumis des déclarations orales à la 46ème session du Conseil des droits de l’homme concernant l’impact du COVID-19 sur les droits de l’homme (voir : Impacts of Racism on Basic Human Rights – Impacts du racisme sur les droits de l’homme fondamentaux ; Democracy under threat: how to build back better and achieve SDG 16? – Démocratie menacée : comment mieux reconstruire et atteindre l’ODD 16 ?). Nous avons également soumis des déclarations écrites sur l’impact de la pandémie dans les centres de détention d’Amérique latine (voir la déclaration complète ici), sur l’accès à l’eau et à l’assainissement en Irak (voir la déclaration complète ici) et sur les droits humains des prisonniers palestiniens (voir la déclaration complète ici).

Cliquer ici pour voir l'article en anglais. 

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