HRC58 : Dialogue sur les violations des droits de l’homme contre les enfants, en particulier dans les réseaux de trafic organisé
58e session du Conseil des droits de l’homme
24 février - 4 avril 2025
Point 3 : Dialogue interactif avec le Représentant spécial du Secrétaire général sur la violence contre les enfants
Traduit par Hind Raad Gathwan / GICJ
Résumé Exécutif
Le 12 mars 2025, le Conseil des droits de l’homme s’est réuni pour examiner le rapport du Représentant spécial du Secrétaire général (SRSG) sur la violence contre les enfants, qui met en lumière la hausse alarmante de la traite, de l’exploitation et des abus envers les enfants à travers le monde. Le rapport souligne que les enfants représentent désormais 38 % des victimes de la traite, avec une augmentation des cas impliquant des filles. Il met également en avant le rôle croissant de la technologie et des réseaux de criminalité organisée dans la facilitation de ces crimes, tandis que les réponses juridiques restent insuffisantes.
Au cours du dialogue, le SRSG a appelé à des investissements urgents pour mettre fin à l’impunité, renforcer les systèmes de protection de l’enfance et prendre en compte les coûts économiques et sociaux de la violence. Les délégués et les organisations de la société civile ont souligné la nécessité d’une coopération internationale renforcée pour s’attaquer aux causes profondes de la vulnérabilité, telles que les conflits, les déplacements forcés et les disparités économiques. Plusieurs États, dont l’Union européenne, l’Allemagne et le Pérou, ont réitéré leur soutien à des politiques sensibles à l’âge et au genre. D’autres pays, tels que le Brésil et l’Arabie saoudite, ont présenté des stratégies nationales et des cadres juridiques pour lutter contre la traite.
Geneva International Centre for Justice (GICJ) se félicite de cette mobilisation générale et réaffirme son engagement en faveur de la réalisation des ODD à l’horizon 2030. Nous soulignons la nécessité d’un apprentissage par les pairs, de garanties technologiques et de mécanismes de responsabilité renforcés. Le GICJ appelle à des efforts internationaux plus robustes, y compris des réglementations commerciales plus strictes pour prévenir l’exploitation dans les chaînes d’approvisionnement et l’intégration d’une participation éthique des enfants dans les discussions politiques.
Contexte
Le 18 décembre 2007, la résolution 62/141 (A/62/435) de l’Assemblée générale des Nations Unies a spécifié, aux paragraphes 58 et 59, qu’un Représentant spécial sur la violence contre les enfants devait être nommé. Ces paragraphes ont joué un rôle particulièrement important en établissant formellement le mandat du Représentant spécial. Cela a permis de créer un poste dédié au sein du système des Nations Unies (ONU) pour traiter spécifiquement la question de la violence contre les enfants. En définissant le rôle et les responsabilités du Représentant spécial, la résolution a également fourni un cadre pour une action internationale coordonnée visant à prévenir et à combattre la violence contre les enfants.
Dans la résolution 78/187 (A/RES/78/187), intitulée Droits de l’enfant, l’Assemblée générale des Nations Unies a demandé à la Représentante spéciale sur la violence contre les enfants, Mme Najat Maalla M’jid, de continuer à faire rapport à l’Assemblée générale et au Conseil des droits de l’homme sur ses activités, conformément à la résolution 62/141 (A/62/435). De plus, la résolution a souligné que son rapport devait fournir des détails sur ses visites de terrain, les progrès réalisés, tout en attirant également l’attention sur les défis restants dans l’agenda de la lutte contre la violence envers les enfants. À cet égard, un rapport aussi méticuleux est d’une importance capitale pour encourager les efforts internationaux visant à protéger les enfants contre toutes les formes de violence et à promouvoir des environnements sûrs pour eux.
Le monde est devenu un lieu précaire pour les enfants, les privant de la possibilité de s’épanouir dans un environnement sécurisé et de profiter de leur enfance. Ils sont de plus en plus vulnérables aux atrocités qui affectent leur bien-être mental, physique et social. Cette situation a renforcé la nécessité d’une coopération mondiale pour prévenir la violence contre les enfants, conduisant à la Première Conférence ministérielle mondiale sur la fin de la violence contre les enfants. L’Appel à l’action de Bogotá, organisé par les gouvernements de la Colombie et de la Suède, ainsi que par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et Mme Najat Maalla M’jid, représente un effort international significatif pour accélérer les progrès vers l’ODD 16.2, qui vise à mettre fin aux abus, à l’exploitation, à la traite et à toutes les formes de violence et de torture envers les enfants.
Résumé du rapport de la Représentante spéciale
Le rapport 2024 de Mme Najat Maalla M’jid, présenté au Conseil, propose un examen complet des actions et des réalisations en matière de lutte contre la violence envers les enfants aux niveaux mondial, régional et national. Le rapport souligne l’urgente nécessité de s’attaquer à la hausse alarmante de la traite, de l’exploitation et des abus des enfants, notant que ces derniers représentent désormais 38 % des victimes de la traite, avec une augmentation notable de la proportion de filles.
La vulnérabilité croissante des enfants dans le monde est aggravée par des facteurs tels que les conflits, les déplacements forcés et les disparités économiques. Le rapport met en évidence l’expansion rapide des réseaux de traite organisés, alimentée par les avancées technologiques telles que l’intelligence artificielle et le dark web. La demande d’exploitation des enfants, souvent peu risquée et peu coûteuse pour les trafiquants, est en hausse, générant des milliards de profits. Cependant, les réponses actuelles demeurent insuffisantes, et de nombreux auteurs échappent encore à la justice en raison de mécanismes de responsabilité inadéquats.
Le rapport souligne l’importance d’investir dans des systèmes de protection de l’enfance robustes pour lutter contre l’impunité et la nécessité d’impliquer plusieurs secteurs — notamment social, juridique, éducatif et communautaire — pour faire face aux défis systémiques auxquels les enfants sont confrontés. De plus, il met en lumière les coûts humains et économiques considérables de la violence, y compris l’impact important sur le PIB (Produit intérieur brut), et appelle à des stratégies globales intégrant la protection de l’enfance dans les plans de développement nationaux plus larges, tels que les politiques relatives aux réfugiés et aux territoires. Le rapport insiste également sur l’importance de la participation éthique des enfants, conformément aux normes internationales, dans les discussions politiques afin que leurs voix soient pleinement intégrées dans l’élaboration des solutions.
En réponse à ces constats, Mme Najat Maalla M’jid a salué l’engagement généralisé pour relever ces défis et a réaffirmé son engagement envers la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) de l’Agenda 2030, en particulier la cible 16.2. Une partie essentielle de cet engagement consiste à garantir la mise en œuvre des engagements pris par 120 pays en 2024 pour mettre fin à la violence contre les enfants. Ces engagements décrivent des mesures concrètes pour renforcer les systèmes locaux de protection de l’enfance et promouvoir la responsabilité mondiale, y compris l’Appel à l’action de Bogotá, qui se concentre sur les causes profondes de la violence contre les enfants.
La Représentante spéciale conclut en appelant à des efforts renouvelés pour combler l’écart entre les engagements mondiaux et les actions nécessaires pour protéger les enfants contre l’exploitation. Elle a insisté sur l’urgence de veiller à ce qu’aucun enfant ne soit laissé pour compte, affirmant que les enfants ne doivent pas être sacrifiés face aux défis croissants. À cette fin, un investissement continu dans les systèmes de protection de l’enfance et une approche collaborative entre tous les secteurs sont essentiels pour atteindre l’objectif de mettre fin à la violence contre les enfants d’ici 2030.
Dialogue interactif
Déclarations d’ouverture
La Représentante spéciale, Mme Najat Maalla M’jid, a ouvert le dialogue en revenant sur le succès de sa campagne menée en 2024, qui a remarquablement mobilisé de multiples parties prenantes tout en suscitant un fort engagement mondial et politique pour mettre fin à la violence contre les enfants. Elle a rappelé au Conseil l’importance de la conférence historique de l’Appel à l’action de Bogotá, où plus de 120 pays ont activement contribué et plus de 100 engagements ont été pris pour définir des actions concrètes visant à amplifier les efforts pour mettre fin à la violence contre les enfants.
Dans ce contexte, Mme Najat Maalla M’jid a reconnu les efforts déployés et les initiatives adoptées par les États pour relever les défis liés à la violence contre les enfants. Elle a annoncé qu’un outil sera mis à disposition pour faciliter l’évaluation du coût de la violence contre les enfants, ainsi que pour mesurer les retours sur investissement dans la prévention de la violence.
La Représentante spéciale a partagé des réflexions issues de son mandat, notamment ses expériences lors de 13 visites de pays et son engagement avec plus de 31 États membres ayant présenté des examens nationaux volontaires en 2024, exprimant sa confiance dans les efforts internationaux en cours pour renforcer les systèmes de protection de l’enfance. De plus, Mme Najat Maalla M’jid a souligné son engagement étroit avec 100 organisations de la société civile et confessionnelles, y compris la co-organisation du 6e Forum du Réseau mondial des religions pour les enfants. Elle a également affirmé que le renforcement de la participation du secteur privé, en particulier dans les secteurs technologique et touristique, est une priorité absolue pour son mandat.
Par ailleurs, la Représentante spéciale a rappelé que son rapport met en évidence l’augmentation alarmante de 38 % des enfants victimes de la traite. Elle a souligné que la traite des enfants reste un crime peu coûteux, peu risqué mais très lucratif, générant des milliards de dollars chaque année. Elle a affirmé que mettre fin à la traite des enfants est possible si des investissements plus importants sont réalisés dans les systèmes sociaux et de protection de l’enfance, y compris dans les contextes humanitaires, et en renforçant les mécanismes de responsabilité.
Mme Maalla M’jid a conclu sa déclaration d’ouverture par une citation puissante d’une jeune fille victime de la traite qu’elle a rencontrée :
« Il n’y a pas de justice, je suis enfermée dans un refuge tandis que les agresseurs ne paient pas le prix. »
Position des pays
Le représentant de la Jordanie (au nom du Groupe arabe) a exprimé sa profonde préoccupation face à l’augmentation des abus et de l’exploitation des enfants, en particulier dans les zones de conflit. Le délégué a réaffirmé l’engagement du Groupe arabe à prendre des mesures urgentes et a souligné les efforts régionaux, tels que la Conférence arabe sur les enfants et le développement ainsi que les ateliers traitant des défis technologiques.
Le Groupe arabe a insisté sur l’importance d’écouter la voix des enfants et de garantir la protection de leurs droits en dépit des conflits en cours. Le délégué a également mis en avant la souffrance indescriptible des enfants à Gaza, appelant à un soutien international pour alléger leur détresse.
Le délégué de l’Union européenne (UE) a réaffirmé son ferme engagement à lutter contre la traite et l’exploitation des enfants. L’UE a souligné les résultats de la Conférence de Bogotá, qui ont renforcé la nécessité d’une coopération mondiale, de systèmes de soutien améliorés pour les victimes et de l’interdiction des biens produits par le travail forcé.
Le délégué a mis en lumière la dimension de genre de la traite, en affirmant que les filles sont majoritairement exploitées à des fins sexuelles, tandis que les garçons sont fréquemment soumis au travail forcé. Il a appelé à la mise en œuvre de mécanismes de soutien sensibles à l’âge et au genre pour combler les lacunes existantes dans la lutte contre la traite des enfants.
En outre, le délégué a demandé à la Représentante spéciale des recommandations sur la manière dont l’UE et d’autres régions pourraient mieux aborder ces disparités.
Le représentant du Ghana (au nom du Groupe africain) a salué les efforts continus de la Représentante spéciale et a exprimé sa profonde préoccupation face à la prévalence de la violence et de la traite des enfants sur le continent. Le délégué a souligné les conséquences graves de la violence, non seulement pour les enfants, mais aussi pour les familles et les sociétés dans leur ensemble.
Au niveau régional, le Groupe africain a réaffirmé son engagement à surveiller et à relever les défis liés à la protection de l’enfance grâce à des cadres juridiques et des mécanismes institutionnels. Le délégué a reconnu les efforts des États africains pour renforcer les politiques de lutte contre la traite, mais a demandé à la Représentante spéciale de fournir des recommandations supplémentaires sur la manière dont les pays africains pourraient améliorer leurs programmes existants pour mieux protéger les enfants contre l’exploitation.
Le délégué de l’Arabie saoudite a réaffirmé l’engagement du pays à promouvoir et à faire respecter les droits des enfants. Il a présenté les cadres législatifs existants en Arabie saoudite, notamment :
- la Loi contre la traite des êtres humains ;
- le Protocole de prévention de la traite ;
- un comité national dédié à la lutte contre la traite des êtres humains.
Le délégué a souligné l’importance de créer des environnements où les enfants peuvent grandir et s’épanouir sans danger. Les mesures proactives de l’Arabie saoudite incluent des efforts visant à éliminer toutes les formes de violence contre les enfants, avec un accent particulier sur les stratégies préventives, la collaboration des forces de l’ordre et les programmes de réhabilitation des victimes.
Le représentant des Émirats arabes unis (EAU) a souligné l’importance de l’intervention précoce pour protéger les enfants de la violence, en mettant en place des politiques axées sur la sécurité psychologique, la protection en ligne et des programmes d’intervention dirigés par les enseignants.
Au niveau international, les Émirats arabes unis ont renforcé leur coopération avec les pays en développement pour lutter contre la violence et exploiter la technologie en vue de la protection des enfants.
Le délégué de l’Ukraine a souligné les risques graves auxquels sont confrontés les enfants en raison de la guerre en cours, notamment le déplacement forcé et l’enlèvement. Le délégué a condamné l’adoption forcée des enfants ukrainiens par la Russie et a insisté sur la nécessité urgente d’une responsabilité internationale dans les zones de conflit.
Le délégué a fourni un compte-rendu détaillé de l’impact dévastateur du conflit actuel sur les enfants ukrainiens, en mettant en lumière :
- Déplacement massif : Des millions d’enfants ont été forcément déracinés de leurs foyers, beaucoup étant séparés de leurs familles et exposés à un risque accru de traite et d’exploitation.
- Enlèvements et déportations : L’Ukraine a condamné la déportation forcée des enfants ukrainiens vers la Russie et les territoires occupés, qualifiant ces actes de graves violations du droit international.
- Traumatismes psychosociaux : Le délégué a souligné que l’exposition continue à la violence et à l’instabilité a entraîné des conséquences graves pour la santé mentale des enfants, notamment le trouble de stress post-traumatique (TSPT), l’anxiété et la dépression.
- Éducation attaquée : La destruction des écoles et des infrastructures éducatives a privé des milliers d’enfants de leur droit à l’éducation, exacerbant davantage leur vulnérabilité.
L’Ukraine a appelé la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour protéger les enfants affectés par la guerre et a demandé :
- Responsabilité pour les crimes contre les enfants ;
- Le retour sécurisé des enfants déportés ;
- Le renforcement des mécanismes de protection ;
- Une augmentation de l’aide humanitaire et des sanctions contre les trafiquants et les auteurs.
Enfin, le délégué a réitéré l’engagement de l’Ukraine à travailler avec ses partenaires internationaux pour renforcer la protection des enfants affectés par les conflits armés et pour respecter les droits fondamentaux de chaque enfant à la sécurité, la sûreté et un avenir libre de violence.
Le délégué de l’Allemagne a souligné la menace directe que représentent les crises mondiales en cours pour les enfants et a insisté sur la nécessité urgente d’une coopération internationale. L’Allemagne a réaffirmé son engagement envers la réalisation de l’ODD 16.2, visant à mettre fin aux abus, à l’exploitation, à la traite et à toutes les formes de violence à l’encontre des enfants.
L’Allemagne a évoqué l’Appel à l’action de Bogotá comme un jalon essentiel pour aborder la question de la traite des enfants et a noté que l’augmentation alarmante des taux de traite nécessite une attention immédiate.
Le délégué a présenté le Plan d’action national de l’Allemagne, qui priorise :
- Le soutien aux groupes vulnérables ;
- Le renforcement de la formation des forces de l’ordre ;
- Le développement de programmes de réhabilitation complets.
Le représentant de l’Indonésie a réaffirmé l’engagement fort du pays à la protection des droits des enfants, qui constitue une priorité clé sous le nouveau gouvernement, plaçant le bien-être des enfants au cœur du développement du capital humain et garantissant l’accès à l’éducation, aux soins de santé et à la protection contre la violence.
Le délégué a mis en avant des initiatives importantes, telles que les programmes de repas nutritifs gratuits et l’extension de l’enseignement obligatoire jusqu’à 13 ans, visant à lutter contre la malnutrition infantile et à renforcer l’éducation de la petite enfance.
De plus, le délégué a indiqué qu’en réponse aux cas de traite des enfants, l’Indonésie a renforcé ses cadres juridiques et institutionnels, notamment en établissant la direction de la protection des enfants et des femmes, et en intégrant la lutte contre la traite des personnes dans la politique nationale.
Le représentant de la République-Unie de Tanzanie a exprimé son alignement avec la déclaration faite par le Ghana. Le gouvernement tanzanien a ratifié plusieurs instruments internationaux, notamment la Convention relative aux droits de l’enfant (CRSC) et la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, et les dispositions pertinentes de cette convention sont appliquées en Tanzanie par le biais de la législation nationale.
Le gouvernement a également mis en œuvre un Plan national d’action pour mettre fin à la violence à l’égard des enfants, visant à fournir une approche coordonnée et organisée pour aborder les principales préoccupations et obstacles rencontrés par les enfants, en tant que victimes, survivants et témoins de la violence et des abus.
Le délégué de l’Azerbaïdjan a souligné les progrès réalisés dans la lutte contre la traite des êtres humains, avec la ratification d’accords internationaux, l’approbation de quatre plans d’action nationaux et la création d’une unité spéciale au sein du ministère de l’Intérieur.
De plus, plusieurs initiatives ont été adoptées, notamment :
- La désignation d’une institution de coordinateur national ;
- L’assistance à la migration ;
- Le financement des centres d’hébergement ;
- La création d’un service de ligne d’assistance téléphonique et d’un site web dédié ;
- La création d’ONG contre la traite des êtres humains.
Elle a déclaré que ces initiatives ont été des instruments vitaux pour renforcer la protection des enfants victimes. L’Azerbaïdjan prévoit que des programmes de réhabilitation comparables et des interventions précoces pour la protection des enfants victimes soient mis à disposition.
En outre, l’Azerbaïdjan a rappelé au Conseil son engagement à assurer la sécurité et le bien-être des enfants dans le monde entier et à renforcer la coopération internationale pour progresser dans la protection des enfants contre toutes les formes de violence et d’exploitation.
Le délégué du Royaume-Uni (RU) a accueilli favorablement le rapport de la Représentante spéciale. Le délégué a souligné que le Royaume-Uni a récemment lancé une campagne mondiale pour promouvoir la prise en charge familiale des enfants à travers le monde et vise à mettre fin progressivement à l’institutionnalisation.
De plus, le Royaume-Uni a exprimé son soutien à son partenariat avec la Représentante spéciale, réaffirmant l’objectif de former une alliance mondiale pour parvenir à une réforme durable de la prise en charge des enfants.
Le Royaume-Uni reste déterminé à lutter contre ce cercle vicieux de violence, d’abus et d’exploitation auxquels les enfants sont confrontés, y compris en mettant fin à la traite des enfants conformément à l’ODD 16.2.
Le délégué a également noté que cette année, le Royaume-Uni a soutenu des programmes en Inde, aux Philippines, au Bangladesh et en République Démocratique du Congo pour sensibiliser aux risques de la traite des enfants et fournir un soutien aux survivants.
Le délégué de l’Égypte a attiré l’attention sur la manière dont la violence est compliquée par l’utilisation de la technologie et l’exploitation des enfants en ligne, ainsi que par la traite des enfants, le travail forcé et d’autres mesures qui ne respectent pas la protection des enfants.
Le délégué a déclaré qu’afin de protéger les enfants contre les violations numériques, l’Égypte a criminalisé l’exploitation des enfants en ligne par la mise en œuvre de la loi sur les TIC.
Dans ce même contexte, l’Égypte a mis en place des services de ligne d’assistance téléphonique pour recevoir les plaintes, a fourni un soutien psychosocial aux victimes et a mené des campagnes de sensibilisation concernant l’exploitation dans l’espace numérique.
Le représentant du Nigéria a déclaré que la protection et la sécurité des enfants ne sont pas seulement un impératif moral, mais aussi une obligation juridique internationale et nationale. En ligne avec l’engagement fort du Nigéria à protéger les enfants de toutes formes d’abus, de traite et de violence, le pays a lancé plusieurs initiatives pour lutter contre la traite des enfants.
Par exemple, le Nigéria a lancé en février 2024 un programme de plaidoyer éducatif anti-traite dans les écoles et a adopté un plan national sur les droits de l’homme et la traite des êtres humains.
Le Nigéria a également renforcé la coordination contre la traite des enfants, dirigée par l’agence nationale pour l’interdiction de la traite des êtres humains, en mettant l’accent sur la prévention, la protection et la réhabilitation.
Organisations Non Gouvernementales
Les représentants des organisations non gouvernementales (ONG), à travers leurs différentes déclarations, se sont accordés sur la question des violations des droits des enfants, appelant à des protections renforcées contre diverses formes de violence, y compris la détention et les châtiments corporels.
Ils ont particulièrement attiré l’attention sur la hausse alarmante de la traite des enfants, avec une augmentation significative parmi les filles, et ont soutenu l’appel à renforcer les mesures pour prévenir la traite des enfants, y compris la traite facilitée par la technologie.
De plus, ils ont réaffirmé que la coordination internationale est essentielle pour la protection des enfants et ont appelé les États membres à renforcer leurs lois et protections juridiques. Plus important encore, ils ont souligné que la violence à l’égard des enfants cause du stress, ce qui nuit au développement cérébral et au bien-être à long terme, affectant le développement cognitif et entraînant des taux plus élevés d’anxiété, de dépression et de suicide.
Remarques de Conclusion
La Représentante Spéciale du Secrétaire Général sur la violence envers les enfants a conclu la session en exprimant sa profonde gratitude à toutes les délégations, organisations de la société civile et parties prenantes pour leurs remarques, leur soutien et leur engagement à faire progresser la protection des enfants. Elle a souligné que les discussions avaient renouvelé son engagement à éliminer la violence envers les enfants et à impulser des actions concrètes sur le terrain.
La Représentante Spéciale a réitéré son engagement indéfectible envers les Objectifs de Développement Durable (ODD) 2030, en particulier l’Objectif 16.2, qui appelle à la fin des abus, de l’exploitation, de la traite et de toutes les formes de violence envers les enfants. Elle a insisté sur la nécessité urgente de renforcer les systèmes de protection de l’enfance nationaux et locaux afin de garantir que les services de soutien soient facilement accessibles aux tuteurs et aux répondants de première ligne. Elle a noté que des progrès significatifs avaient été réalisés au cours de l’année écoulée, mais que le défi reste de relier les points—en mettant en place des mécanismes d’apprentissage entre pairs et d’échanges entre les acteurs clés pour accélérer un changement significatif.
Elle a souligné que l’investissement dans la protection des enfants et leur bien-être n’est pas seulement un impératif moral, mais également une nécessité économique, car la violence envers les enfants entraîne un coût humain et financier considérable—estimé à jusqu’à 11% du PIB dans certains pays. Mettre fin à la violence doit être abordé de manière holistique dans tous les contextes, y compris :
- dans les maisons ;
- dans les écoles et institutions religieuses ;
- dans les espaces en ligne ;
- dans les lieux publics, tels que les rues et les lieux de travail ; et
- dans les centres de détention et zones de conflit.
Elle a appelé à une approche multisectorielle, incitant les gouvernements, les services sociaux, les cadres juridiques, les systèmes éducatifs, les communautés et les leaders religieux à travailler ensemble pour prévenir et traiter la violence et la traite à ses racines.
La Représentante Spéciale a souligné que la traite des enfants est en augmentation, mais que les chiffres réels restent sous-estimés en raison de la peur, de la stigmatisation et des politiques nationales restrictives concernant la sécurité des frontières et le statut migratoire. Elle a insisté sur le fait que la traite est un crime genré, affectant de manière disproportionnée les filles dans les cas d’exploitation sexuelle, mais touchant aussi les garçons, qui sont souvent négligés dans les discussions.
Elle a averti que les inégalités sociales, les déplacements forcés et les disparités économiques sont des facteurs moteurs de la traite des enfants, nécessitant des réponses coordonnées intégrant des mesures de protection de l’enfance dans les plans de développement, les politiques territoriales et les cadres de réponse aux réfugiés. Elle a mis en évidence les intersections entre l’institutionnalisation et la traite, en faisant référence à l’Ukraine et la Pologne comme des exemples clés où les enfants quittant les systèmes de prise en charge étatique sont particulièrement vulnérables.
Ses recommandations principales incluaient : la reconnaissance que la demande pour des enfants victimes de traite est alimentée par diverses industries, telles que l’exploitation minière, le tourisme, l’exploitation sexuelle et le travail forcé. Elle a appelé à une plus grande responsabilité du secteur privé, incitant les gouvernements à imposer des mesures de diligence raisonnable aux entreprises et chaînes d’approvisionnement pour éliminer l’exploitation des enfants sous toutes ses formes. Elle a également souligné l’importance de la participation des enfants, en incitant les gouvernements et les institutions à inclure les voix des enfants dans les processus décisionnels. Cependant, elle a mis en garde contre le fait que la participation doit être significative, éthique et structurée de manière à donner réellement du pouvoir aux enfants pour qu’ils fassent partie de la solution, plutôt que d’être simplement instrumentalisés dans les discussions.
De plus, reconnaissant l’influence puissante des institutions religieuses, la Représentante Spéciale a souligné les engagements en cours avec des organisations basées sur la foi, y compris le Vatican et le Réseau Mondial des Religions pour les Enfants. Elle a insisté sur la nécessité de mobiliser les communautés religieuses en tant qu’alliées clés dans la protection de l’enfance, en abordant à la fois les contributions positives et les pratiques nuisibles. En collaborant avec les leaders religieux, elle croit que les communautés peuvent jouer un rôle transformateur dans la lutte contre la violence envers les enfants.
La Représentante Spéciale a conclu par un message d’espoir et d’urgence :
“Nous pouvons le faire. Les enfants ne peuvent pas être sacrifiés. Désolée.”
Elle a exhorté toutes les parties prenantes à passer au-delà des mots pour des actions concrètes, en soulignant que la protection des enfants nécessite une volonté collective, un investissement soutenu et une coopération mondiale. Elle a de nouveau remercié tous les participants et a réaffirmé son engagement à s’assurer qu’aucun enfant ne soit laissé pour compte dans la lutte contre la violence et l’exploitation.
Position de Geneva International Centre for Justice (GICJ)
Geneva International Centre for Justice (GICJ) soutient le rapport de la Représentante Spéciale et souligne en particulier le besoin urgent de traiter la montée alarmante de la traite des enfants, de l’exploitation et des abus envers les enfants. Le GICJ condamne toutes les formes de violence faites aux enfants et encourage tous les États membres à poursuivre leurs initiatives visant à mettre fin à la violence contre les enfants, à soutenir les victimes de la traite des enfants, et à protéger les enfants des impacts négatifs de la technologie.
L’enfance est un moment sacré durant lequel les enfants doivent pouvoir grandir dans des environnements sûrs et bienveillants. Les enfants représentent l’avenir, et c’est pourquoi le GICJ défend fermement l’idée que la protection de l’enfance doit être au cœur des priorités de tous les États membres.