Ecrit par Natalia Venegas Arango

Traduit par Alexandra Guy

 

Le 2 janvier 2022, des groupes rebelles colombiens se disputant le contrôle de l’économie illégale locale se sont affrontés par les armes. La confrontation a eu lieu près de la frontière avec le Venezuela, dans les villes de Tame, Fortul, Saravena et Arauquita. Les deux opposants étaient l’Armée de Libération Nationale (ALN) et des dissidents des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC). L’ALN est le plus important groupe rebelle armé de Colombie. Les dissidents des FARC se sont détachés de ce groupe après avoir rejeté l’accord de paix de 2016. Cet accord de paix a démobilisé le groupe des FARC et mis fin à 50 ans de conflit armé dans le pays.

Pour l’instant, il est difficile de déterminer le nombre de personnes décédés. Selon une source colombienne, on compterait jusqu’ici 16 morts. [1] Cependant, Juan Carlos Villate, responsable des problématiques de droit humain à Arauca, a annoncé 24 décès confirmés, et le nombre pourrait s’élever à 50. Arauca est historiquement un département célèbre pour avoir connu de nombreux conflits armés en Colombie. La situation actuelle a donc réveillé le désespoir parmi la population.

Selon le gouvernement colombien, la protection des individus aux frontières est ardue, et de nouveaux mécanismes sont examinés pour venir en aide aux populations. En outre, le gouvernement colombien a déclaré que les deux groupes rebelles étaient très difficiles à éliminer car ils recevaient le soutien du président vénézuélien Nicolás Maduro. Les groupes armés opèreraient en Colombie et se cacheraient au Venezuela. Le gouvernement à nié ces accusations à plusieurs reprises. [2]

Les majeures sources de revenus des groupes rebelles colombiens proviennent du commerce illicite. Le trafic de drogue est ce qui leur rapporte le plus, suivi par le vol de bétail et les enlèvements des individus qui passent dans leur zone d’influence. Ils taxent également les produits, y compris la nourriture et les boissons. En outre, on peut trouver beaucoup de pétrole dans la région d’Arauca, ce qui donne la possibilité aux groupes rebelles d’extorquer les pétroliers. Beaucoup pensent que les affrontements ayant eu lieu entre les deux groupes sont motivés par l’argent. Cependant, certains universitaires s’inquiètent du manque d’informations délivrés à propos des attaques. Par exemple, on ignore qui, parmi les groupes rebelles, a participé au combat et on ne peut avancer avec certitude ce qui a déclenché ces actes de violences. Pour l’instant, le plus grand problème reste de savoir si ces évènements marqueront le début d’une nouvelle guerre. Etant donné le nombre de décès et de déplacements, on peut déjà considérer qu’il s’agit de l’une des plus grosses crises humanitaires dans l’histoire récente de la Colombie.

Geneva International Center for Justice (GICJ) condamne les violations des droits humains ayant eu lieu à Arauca et encourage tous les partis au conflit à respecter les conventions de Genève et ses protocoles additionnels. Nous pressons le gouvernement colombien d’assurer la sécurité de la population d’Arauca. Un traité de paix doit ensuite être implémenté, particulièrement au niveau local. GICJ demande également aux gouvernements colombiens et vénézuéliens de coopérer afin de mettre un terme à la violence dans cette région et de protéger les habitants à la frontière entre les deux pays.

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Justice, Human Rights, Geneva, geneva4justice, GICJ, Geneva International Centre For Justice 


[1] https://www.aljazeera.com/news/2022/1/3/colombia-at-least-16-dead-in-clashes-between-armed-rebel-groups#:~:text=Colombia%3A%20At%20least%2023%20dead%20in%20clashes%20between%20armed%20rebel%20groups,-Colombian%20human%20rights&text=Bogota%2C%20Colombia%20%E2%80%93%20Violent%20confrontations%20between,news%20conference%20late%20on%20Monday

[2] https://elpais.com/internacional/2022-01-03/combates-entre-grupos-armados-en-la-frontera-de-colombia-con-venezuela-dejan-una-veintena-de-muertos.html

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