Ecrit par Patricia Jjuko
Traduit par Alexandra Guy

Au Soudan, les cas de violences contre les protestants ne cessent d’augmenter, malgré de nombreux appels à la retenue de la part des Nations Unies. En fin d’année 2021, le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU a dénoncé des attaques contre les protestants et les médias, et a demandé au Soudan d’apaiser la situation, sans succès.


Le 25 octobre 2021, l’armée soudanaise, menée par le Général Fattah al-Burhan, a pris le pouvoir grâce à un coup d’Etat. Un mois plus tard, l’ex premier ministre évincé Abdallah Hamdok a été rétabli dans ses fonctions, suite à un accord mettant en place un cabinet technocratique sous contrôle militaire. Cette nouveauté a été accueillie avec ressentiment mais considérée comme un compromis avec le régime militaire qui contrôlait le pays depuis plus de 50 ans.


En effet, Hamdok était le premier ministre du gouvernement transitionnel depuis août 2019, après un grand soulèvement populaire conduisant au renversement d’Omar al-Bashir, président au pouvoir depuis des décennies. Le gouvernement transitionnel démocratique réclamé par le peuple devait notamment préparer les futures élections.
Abdallah Hamdok a démissionné le 2 janvier 2022. Selon lui, les tentatives de discussion avec les représentants militaires et civils « pour parvenir au consensus nécessaire à l’instauration de la paix et de la justice sans effusions de sang ont échoué ».


La décision du premier ministre fait suite à des semaines de manifestations populaires contre l’armée. Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés dans les villes de Khartoum, Omdurman, Port-Soudan et Nyala depuis le coup d’Etat militaire. Les manifestants auraient défilé pacifiquement et sans désordre en chantant contre le régime militaire. Une forte répression s’en suivit, tuant au moins 57 personnes et en blessant des centaines. Les autorités auraient utilisé des gaz lacrymogènes et des balles réelles pour disperser les manifestants.


Le HCDH s’est exprimé sur les méthodes violentes des autorités à l’encontre des manifestants, en les pressant de « s’abstenir de tout recours inutile et disproportionné à la force ».


Geneva International Center for Justice (GICJ) s’inquiète de la montée de la violence au Soudan et condamne l’utilisation de la force contre les manifestants soudanais. En tant que pays démocratique, le Soudan se doit de respecter le droit des manifestants aux rassemblement pacifiques et à la liberté d’expression, droits intrinsèques à toute démocratie. Ces droits sont également accordés par la loi internationale et par l’article 19 de la Déclaration des Droits de l’Homme des Nations Unies.

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