Rédigé par Louise Requin/GICJ

La lauréate du prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, a été condamnée à la prison lundi 6 décembre 2021, par le gouvernement militaire qui l’avais destituée en février dernier. Depuis le coup d’Etat de février, plus de dix affaires ont impliqué l’ancienne Conseillère d’Etat du Myanmar. Après délibération d’un tribunal militaire, une peine de deux ans de prison a été prononcée. La peine originelle était de quatre ans, et a été réduite à deux seulement.

Le tribunal a traduit en justice un certain nombre de leaders du gouvernement civil destitués par le coup d’Etat en février. Aung San Suu Kyi elle-même était accusée d’incitation à la violence et de violation des règles COVID-19. La première accusation est liée à deux déclarations où la femme dénonce le coup d’Etat et appelle les institutions à ne pas coopérer avec le changement de régime. Depuis ces déclarations, l’armée maintient Aung San Suu Kyi enfermée dans un lieu inconnu du public. Il est important de noter que le régime militaire précédent l’avait assignée à domicile pendant quinze ans, de 1989 à 2010. Il est fort probable que les conditions de sa peine de prison soient les mêmes cette fois-ci.

Aung San Suu Kyi est perçue par la communauté internationale comme une représentante du mouvement démocratique au Myanmar et alimentait l’espoir d’un gouvernement civil et démocratique dans ce pays. Cependant, depuis l’accord de partage du pouvoir signé avec l’armée en 2015, de très nombreuses violations des droits de l’homme ont été commises, notamment sous sa direction. Arrestations arbitraires, disparitions forcées et détentions de journalistes et de militants en font partie, ainsi bien sûr que le génocide Rohingya. Tout laisse à penser qu’Aung San Suu Kyi n’a rien fait pour empêcher ce génocide, et qu’elle n’a pas cherché à le dénoncer malgré les nombreux appels des ONG et organisations internationales. Au contraire, elle est allée jusqu’à nier l’existence d’un tel génocide devant la Cour de Justice Internationale. Sa passivité a mené un certain nombre d’ONG à demander le retrait de son prix Nobel.

La décision du tribunal a attiré les critiques, notamment de la part des partisans d’Aung San Suu Kyi au Myanmar, mais aussi de la part de l’enquêteur de l’ONU Thomas Andrews, qui a appelé la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement militaire selon lui illégitime. Les organisations de la société civile ont considéré les accusations « infondées » et visant à réduire au silence l’opposition. La décision du tribunal fait suite à une longue liste de condamnations arbitraires contre des journalistes, des militants et des civiles innocents. Geneva International Centre for Justice (GICJ) condamne la décision du tribunal militaire et demande un procès juste et indépendant pour les actions de Mme Aung San Suu Kyi.

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