Rédigé par Louise Requin
Traduit par Alexandra Guy
Le 18 décembre est célébrée la journée internationale des migrants. Cette date fut choisi en mémoire de l’adoption de la Convention Internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille par l’Assemblée Générale (ICMW), en 1990. La communauté internationale et l’ONU, et plus particulièrement l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), militent en cette occasion pour les droits accordés par cette convention. Ces actions sont d’autant plus cruciales qu’une grande majorité d’Etats n’ont toujours pas signé et/ou ratifié l’ICMW.
De nombreux pays clefs d’accueil aux migrants se refusent encore à signer la Convention Internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille, tels que les Etats Unis, le Canada, le Brésil, la majorité des pays de l’Union Européenne, la majorité des pays asiatiques, les pays du Golf, les pays d’Afrique de l’Est et du Sud, ainsi que l’Australie. L’ICMW adopte une approche compréhensive et globale des droits humains des migrants et des travailleurs migrants. Elle présente les migrants comme détenteurs naturels et légitimes des droits humains, ce qui est trop souvent mis de côté par les décideurs politiques. Elle combat les préjugés, les mauvais traitements et la discrimination envers les migrants.
Le thème de la journée internationale des migrants de 2021 est « exploiter le potentiel de la mobilité humaine ». Le monde actuel offre de nombreuses opportunités de migration, avec le développement des transports, la facilité de transit et la mondialisation. Les migrants apportent avec eux un potentiel de progrès, de changement technique, de créativité, une nouvelle perspective et une force de travail à tous les niveaux du marché du travail. Il est possible d’exploiter ce potentiel en créant des politiques capables d’inclure les migrants dans la vie nationale, civile, politique, culturelle et économique le plus rapidement et efficacement possible. Cela englobe la création de campagnes adaptées aux différentes cultures, la destruction de la barrière de la langue et l’accueil du multiculturalisme. Il est également nécessaire de veiller à ce que tous les nouveaux arrivants bénéficient de l’assistance dont ils ont besoin, notamment un refuge, un accès à de la nourriture, à une éducation et au marché du travail. En l’absence de ces éléments, le potentiel migratoire reste inexploité.
Les migrants sont aujourd’hui généralement présentés comme une source de menace et d’obstacles. La multiplication des lois migratoires en Occident a créé un cadre légal spécifiquement organisé pour rendre la migration illégale, et contient des procédures pénales applicables uniquement pour les individus traversant les frontières sans les documentations jugées nécessaires. En outre, le discours global sur l’immigration en Occident associe les migrants à un danger contre la sécurité nationale, et déforme la réalité du phénomène. La plupart des migrants se déplacent au sein de leur pays ou même de leur région. L’Asie est le continent qui accueille le plus de migrants, et la majorité de ceux-ci sont en âge de travailler (74% d’entre ont entre 20 et 64 ans). Enfin, l’immigration représente une force motrice plutôt qu’une menace pour beaucoup de pays.
Une part de la population immigré recherche une assistance : les demandeurs d’asile. Fuyant un conflit, l’insécurité, la persécution ou même les conséquences du changement climatique, les demandeurs d’asile ont le droit à la protection en tant que réfugiés. Malheureusement, beaucoup de pays continuer d’ignorer les droits des réfugiés. Depuis 2015, les politiques en Union Européenne cherchent à limiter l’accès à l’asile, comme le montrent l’accord entre la Turquie et l’Union Européenne ou l’extra-territorialisation des frontières en Grèce. Les actions pour permettre la sécurité des routes sont peu nombreuse. Tout est plutôt mis en place pour empêcher le traversement des frontières. La mort récente de 30 demandeurs d’asile dans la Manche est un exemple de la dangerosité ces politiques.
Les conditions de vie des migrants sont rendues incroyablement difficiles. Les centres australiens de traitement des demandeurs d’asile sont installés hors du territoire, à Nauru ou même en Papouasie Nouvelle Guinée, où sont détenus les migrants le temps des procédures. Les centres de détentions américains aux frontières avec le Mexique détiennent des enfants séparés de leurs parents. Les différents camps en Europe détiennent les demandeurs d’asile dans des conditions insalubres, certaines fois même enfermés dans des salles d’attente d’aéroport ou de gare.
Une fois les migrants « régularisés », des difficultés persistent. Victimes de discrimination, de nombreux immigrés de première, seconde et troisième génération ne peuvent pas pleinement participer à la vie économique, civile et politique de leur pays. Il est difficile de trouver un emploi, et ceux qui leur sont proposés sont moins payés que les autres, alors que les conditions de travail sont plus difficiles. Ils encourent un risque accru de trafic d’êtres humains et d’abus en général. De plus, l’alphabétisation institutionnelle est plus faible parmi les populations migrantes, causant un moindre accès aux soins de santé, à l’éducation et à la participation politique.
En l’honneur de la journée internationale des migrants, Geneva International Center for Justice (GICJ) presse tous les Etats de signer et/ou de ratifier la Convention Internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille. La protection et la promotion des droits humains des migrants est dans l’intérêt de tous les pays. Les populations migrantes représentent un potentiel et une opportunité pour les Etats. Plus fondamentalement, les migrants sont des êtres humains envers lesquels nous devons autant qu’envers nos concitoyens nationaux.
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