Par Louise Requin

La discussion annuelle sur l’intégration de la dimension du genre a été tenue lors de la 48eme session du Conseil des Droits de l’Homme. Le thème de la session portait sur l’accès inégal des femmes aux nouvelles technologies, en particulier pendant la pandémie Covid-19. 

La discussion des panélistes aborde tout d’abord l’accès restreint des femmes et des filles aux nouvelles technologies. Cette inaccessibilité est expliquée par plusieurs facteurs : tout d’abord, elle est due à des moyens techniques et financiers insuffisants qui ne permettent pas aux femmes les plus pauvres, aux femmes de régions rurales et à certaines femmes de pays en développement d’avoir accès aux équipements nécessaires. Ensuite, les femmes sont moins bien formées à l’utilisation et au développement des technologies, à cause de stéréotypes de genre qui découragent leur participation aux formations scientifiques et technologiques. 

La pandémie de Covid-19 a accéléré la transition technologique, et les services les plus essentiels ont été transférés en ligne. Malheureusement, les femmes et les jeunes filles sont moins à même de pouvoir jouir de ces services. En particulier, les femmes en situation de handicap, les femmes plus âgées et les femmes pauvres rencontrent des difficultés. Leur exclusion a un impact négatif important sur leurs droits fondamentaux, alors que les technologies devraient permettre aujourd’hui l’exercice de leurs libertés d’opinion, d’expression, d’association et bien d’autres droits fondamentaux. 

Outre leur difficulté d’accès, les femmes et les filles sont aussi soumises à de graves violences sexistes et sexuelles en ligne. Le harcèlement sexuel ne s’arrête pas à la frontière digitale, mais est bel et bien aggravé par les stéréotypes genrés dangereux qui sont relayés sur les réseaux sociaux. Les intervenants lors de la discussion ont urgemment insisté sur la nécessité absolue pour les plateformes telles que Facebook, Twitter, Instagram etc de veiller à la sécurité des femmes et des filles sur leurs réseaux, et ce d’autant plus en cette période de crise sanitaire, où l’utilisation de la technologie et donc la violence qui peut en découler est multipliée. 

L’importance de l’intégration de la jeunesse LGBTQIA+ sur les réseaux a également été mise en avant, car cette communauté se confronte à une plus grande isolation ainsi qu’à du cyberharcèlement. Plan International a fait remarquer que le manque d’accès à Internet et à ses informations pouvait engendrer une méconnaissance du corps humain, de la santé sexuelle et de la santé reproductrice, surtout chez les filles. 

Enfin, les participants à la discussion ont conclu en prenant une approche plus intersectionnelle. Tlaleng Mokofeng, Rapporteur Spécial sur le droit à la santé physique et mentale, a demandé à la communauté internationale d’étudier et de combattre le racisme ancré dans les systèmes d’intelligence artificielle afin d’obtenir une évolution technologique plus inclusive. Tatiana Vasconcelos, consultante en matière de handicap, a souligné l’impérativité d’une approche politique inclusive pour les personnes handicapées dans notre ère numérique. Jaroslaw Ponder, représentant de l’Union Internationale des Télécommunications, a invité les hommes travaillant dans le secteur de la technologie à s’allier à la lutte pour la libération des femmes à travers la technologie.

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