Par Louise Requin.

Le rapport du Haut-Commissaire sur l’intégration de la dimension du genre dans les droits humains des femmes et des filles pendant et après les conflits armés a été présenté à la 48e session du conseil des Droits de l’Homme. Malheureusement, le rapport consiste en une longue liste de problèmes liés au genre, et n’apporte que très peu de détails concrets. 

Les problématiques auxquelles les femmes sont confrontées lors des conflits armés sont complexes. Les femmes sont les premières victimes de la migration interne, ce qui augmente leur vulnérabilité. En effets, les femmes sont plus susceptibles d’être confrontées à la pauvreté, la violence sexuelle ou encore au trafic d’êtres humains. Ces risques ne font qu’augmenter lors de migrations internes qui les rendent d’autant plus précaires. 

La discussion pendant la session a souligné l’importance d’une approche basée sur les victimes, notamment dans les programmes visant à limiter l’occurrence de violences de genre. Encore une fois, le rapport reste malheureusement trop vague, et très peu de recommandations pratiques semblent émerger. Les interventions de la Slovénie, de l’Espagne et de l’UNICEF insistent sur l’importance des droits socio-économiques et culturels des femmes lors des conflits. Les droits à l’alimentation, au logement et à une participation égale dans la vie économique sont trop souvent ignorés, alors qu’ils touchent en priorité les femmes. Enfin, les intervenants ont mis en lumière l’importance des convictions patriarcales qui sont à la source de ces inégalités, et dont l’élimination devrait constituer une priorité dans la lutte pour la protection des femmes et des filles. 

GICJ considère que le rapport sous-estime fondamentalement la participation des femmes dans les conflits, une donnée qui aurait dû apparaître au premier rang des considérations du Haut-Commissaire. En effet, la participation active des femmes aux efforts de guerre et de paix est trop souvent ignorée. Les femmes sont des agents importants des conflits armés, contrairement au rapport qui laisse penser qu’elles ne participent aux conflits qu’en tant que victimes marginales. Les femmes s’engagent de plus en plus dans les combats, et les dynamiques qui en découlent requièrent l’attention immédiate de ce genre de discussions. De plus, la participation des femmes aux efforts de paix est un facteur connu d’amélioration de la qualité de la gouvernance post-conflit. Malheureusement, le manque d’attention attribué à l’implication des femmes ne fait que reproduire des stéréotypes sur la marginalité du rôle des femmes en politique. Par conséquent, nous encourageons une évolution radicale dans l’approche du rapport. La participation des femmes étant un vecteur efficace pour une paix durable, les prochains rapports se doivent de prêter attention au rôle que jouent actuellement les femmes dans les conflits armés, en dehors de leur simple victimisation.

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